Un petit mot, une photo, un clin d'oeil... Laissez un mot à notre directeur qui part dans quelques jours, et qui s'est donné à l'EMD depuis 15 ans !
Jean-Pascal Mégret-Renner : Témoignage & testament
Entretien : Jean-Pascal Mégret Renner, professeur d'économie puis directeur, a marqué toutes les générations de l'EMD depuis sa création. Cet entretien nous livre son témoignage et son testament pour notre école.
Thomas Kayser - Bonjour Monsieur Mégret-Renner, l'objectif de cet interview est dans un premier temps, de vous donner la parole en votre qualité d'ancien directeur. Les élèves et anciens élèves sont intéressés d'avoir de vos nouvelles avant votre départ. Dans un second temps, l'objectif est de faire connaître votre successeur, M. Ayoub aux différents réseaux d'élèves et d'anciens élèves. Jean-Pascal Mégret-Renner - Bonjour Thomas, Merci de cette belle initiative, très cohérente avec les rapports de qualité à construire entre l'EMD et ses Alumni. |
- Pouvez-vous nous donner une courte présentation de vous ?
À ma sortie de Sciences-Po Paris (1990), j'ai travaillé aux Pays-Bas, puis au port de Marseille, où j'ai découvert les côtés "physique" de l'économie et humain de la gestion industrielle.
Après quelques missions professionnelles en Amérique et dans l'océan Indien, j'ai créé ma propre structure de conseil en investissement en infrastructures de transport, en lien avec la globalisation des échanges (1998). Voulant rejoindre ma famille à Paris, j'ai développé, avec un ami, un fonds d'investissement dédié à la tech, univers à grande vitesse, gourmand en capitaux et très risqué (2006). Le krach de 2008/09 a éteint notre ambition (les levées de fonds étant impossibles). Fin 2009, Xavier Palou m'a alors proposé de donner quelques cours à l'EFGC, puis, le goût pour l'enseignement m'a appelé à, de nouveau, m'installer à Marseille en 2011. Je faisais du trading sur actions/options pour gagner ma vie et des cours de micro, macro, économie financière, économie internationale, etc. Mon implication à l'EMD devenait croissante, tant j'ai pris conscience, de l'importance de la proximité avec les étudiants. En 2021, suite au départ de Xavier Palou, le Conseil d'administration m'a demandé de prendre sa suite.
- Quelles étaient vos perspectives en prenant la direction de l'école ?
Continuer à faire vivre l'esprit de l'école (développement intégral de la personne). Au-delà, il fallait surtout découvrir une autre réalité que celle de mes cours (l'enseignement professionnel étant devenu intensément régulé depuis la réforme de 2018, créant France compétences), et cela dans un temps très court. Le renouvellement des titres RNCP a été une belle opportunité de mieux comprendre les attentes des entreprises quant aux formations données. La nécessité de revenir sur Parcoursup avec une offre académique a aussi animé ma réflexion stratégique, sans pouvoir se concrétiser. Enfin, le recrutement de nouveaux membres de l'équipe et de professeurs compétents et disponibles s'est révélé une tâche passionnante, mais aussi exigeante.
« Mon implication à l'EMD devenait croissante, tant j'ai pris conscience, de l'importance de la proximité avec les étudiants. » |
- Quels défis avez-vous rencontrés en tant que directeur et comment les avez-vous surmontés ?
Le 1er défi a été financier. Comme beaucoup de PME, il a fallu convertir les comptes clients (pour nous, les OPCO) en trésorerie et développer quelques activités annexes (locations) pour nous donner les moyens de croître.
Néanmoins, le défi majeur a été de recruter de nouveaux élèves, à un moment où la concurrence des écoles de commerce et de l'Université s'est violemment intensifiée. La baisse des effectifs a impliqué une gestion plus serrée des coûts.
Enfin, l'amélioration du suivi des élèves et de la pédagogie (tutorat, mémoires, business cases, etc.) a porté de très beaux fruits (confiance en soi, sociabilité, qualité des rendus, parfois exceptionnelle). On a tendance en France à trop sous-évaluer le potentiel de nos jeunes ; erreur qu'on peut dissoudre par une action personnalisée et réfléchie.
« (...) on comprend que le don de soi passe aussi par recevoir celui de l'autre. » |
- En un mot, qu'est-ce qui caractérise l'EMD pour vous ?
À l'évidence, un écosystème qui favorise l'épanouissement de la personne, tant sur le plan personnel, que relationnel et professionnel.
Cet écosystème est fondé sur des valeurs humaines, l'ouverture réelle aux autres, un esprit de responsabilité croissant, une découverte raisonnée du monde de l'entreprise.
Il y a une forme d'énergie vitale qui émane de l'EMD. C'est un lieu inspirant, positif, chaleureux.
Notre slogan "manager, c'est servir" résume très bien notre esprit, si on comprend que le don de soi passe aussi par recevoir celui de l'autre.
- Quel est votre plus beau souvenir de vote temps à l'EMD ?
Il y a ceux qu'on voit, comme la tenue du 1er bal ou le renouvellement des titres RNCP.
Il y a ceux qui marquent, comme certains mémoires de fin d'études, bluffants, allant bien au-delà des attentes.
Il y a ceux qu'on ne voit pas, la guérison de maladies graves, la résolution de conflits personnels.
Chaque jour est un sourire, pour qui veut bien lire notre livre des merveilles.
- Quels conseils donneriez-vous à votre successeur ?
Aucun ! C'est un travail stressant, extrêmement chronophage, où il faut décider vite et sans toujours avoir tous les éléments. Le 1er devoir est de ne pas l'accabler de 1001 conseils.
Le principal me semble de toujours centrer les efforts sur le développement personnel et professionnel des élèves ; la tentation d'être un bon gestionnaire, voire stratège, peut éloigner de cette réalité ; comment, d'ailleurs, ne pas s'inquiéter des moyens, bien plus importants, que la concurrence des autres écoles mobilise.
Le 2e, être conscient du bien que l'on accomplit ; même s'il peut être plus faible que l'on souhaite, il est effectif et profond. C'est une source de quiétude intelligente et prudente.
Le 3e, écouter et stimuler son équipe, s'ouvrir au monde, d'autant qu'il change si vite ; une école ne peut pas se fonder sur les seules qualités personnelles et professionnelles de son Directeur. Si c'est évident, j'avoue que savoir écouter est l'oeuvre d'une vie.
- Voulez-vous nous partager ce que vous allez faire après votre départ de l'EMD ?
J'ai mis, trop longtemps, de côté des projets d'écriture (je prépare un 1er thriller économique, qui scénarise mes cours).
Parallèlement, M. de Chateauvieux a souhaité que je dirige le Campus Biaggi, qui va prendre de l'ampleur, avec l'aménagement du 2e étage et la commercialisation régulière de l'auditorium.
Au-delà, il me faudra choisir entre 3 projets entrepreneuriaux, plus ou moins avancés, dont l'un dans l'IA appliquée au monde de l'enseignement. Il faut lever beaucoup de fonds et réunir une équipe (jeune).
Si les opportunités ne manquent pas, la création de valeur et vitesse d'exécution seront déterminantes dans mon choix.
Que pouvons-nous vous souhaiter, M. Mégret-Renner ?
De faire du bien aux autres et à moi-même chaque jour de ma vie.
« Écoutez votre coeur et suivez vos intuitions ; n'ayez pas peur de réaliser vos projets. » |
- Que souhaitez-vous aux actuels élèves et aux anciens élèves de l'EMD ?
Connaissez-vous, vous-même, afin de faire de bons choix professionnels.
Écoutez votre coeur et suivez vos intuitions ; n'ayez pas peur de réaliser vos projets, dont l'exécution rend le monde plus divers et meilleur.
Choisissez des entreprises en croissance, innovante, profitable, bien gérée et fuyez les "zombies".
Avec humilité et courage, demandez-vous ce que vous pouvez apporter à votre entreprise.
Faites carrière là on l'on pense que le principal "actif", ce sont les hommes et les femmes, travaillant en équipe.
- Voulez-vous nous partager votre plus grand rêve pour votre vie personnelle à moyen ou long terme ?
Je suis émerveillé par la diversité de notre monde et des incroyables changements qui l'affectent aujourd'hui. Ce qui semble lui manquer, c'est une capacité à coopérer pour adresser les problèmes de l'Humanité.
L'école et l'entreprise sont des lieux d'échanges féconds, y compris sur le plan culturel, qui pourraient vectoriser cette coopération. J'aimerais enfin contribuer à mieux transmettre le trésor de la culture chrétienne aux nouvelles générations.
Créer un think tank valorisant ces sujets me semble être un aboutissement heureux à mon sens de l'engagement.
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